Parler de la châsse de Sainte Gertrude à Nivelles, c'est risquer une confusion car la ville possède, luxe inouï et probablement unique au monde, trois châsses précieuses our la même Sainte.  Un trésor que le visiteur ordinaire de la collégiale pourrait ne jamais voir.

Il y a d'abord celle que l'on cache dans le monument en cuivre qui garnit le fond du choeur.  C'est la châsse du culte, la vraie, celle qui contient les restes de Gertrude et que l'on promène une fois l'an tout au long des quatorze kilomètres du Tour.  C'est une mal-aimée.  Félix Roulin l'a achevée en 1982 et il passera beaucoup de temps avant que ses contemporains ne l'apprécient.  C'est le sort des oeuvres d'art.  Faudrait-il encore qu'ils puissent la regarder à l'aise, car par les effets d'une inexplicable tradition, elle n'est visible qu'une semaine par an.

Vient ensuite la châsse reconstituée.  Que l'on devrait appeler "ressuscitée".  Wim Ibens l'a faite de 1980 à 1988.  C'est une copie mécanique de celle qui fut détruite en 1940.  On a relégué cette splendeur derrière 125 marches à gravir afin, dit-on, de la "mériter" !

Enfin, enfermés dans un coffre de la sacristie où ils ne servent à rien, les restes émouvants de cette châsse du XIIIe siècle, dont on disait, avant ses malheurs, qu'elle avait été le chef-d'oeuvre de l'orfèvrerie religieuse des temps gothiques.

Je me propose de traiter des deux dernières qui, en vérité, n'en forment qu'une tant la reconstitution est fidèle à l'original.